
Ryszard Kajzer. Peintures, collages, affiches
accompagné d’une récitation de poèmes d’Anne Perrier
et d’un concert de violon
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Le 22 mai 2024
18h30-20h
Mission permanente de la Pologne
auprès de l’ONUGL’Ancienne Route 15
1218 Grand Saconnex, Genève
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Le 23 mai 2024
17h-19h
Le Verdaine
Rue Verdaine 9
1204, Genève
 
Peintures, collages, affiches : Ryszard Kajzer

Ryszard Kajzer. Peintures, collages, affiches
Depuis plus de vingt ans, Ryszard Kajzer créé dans ses affiches une galerie vivante très personnelle et particulière de motifs image-texte brillants et sympathiques, dont la première tâche est d'attirer l'œil du spectateur et de le retenir. Le regard attiré ne tombe cependant pas dans le piège de la prescription d'un mode de pensée particulier. C'est un monde où rien n'est littéral, un monde plein de liberté, de tendresse, d'intelligence et d'humour, qui s'inscrit dans la lignée des meilleures réalisations des maîtres de l'école polonaise de l'affiche de la seconde moitié du XXe siècle, et notamment de l'un de ses plus grands représentants, Henryk Tomaszewski, dont les affiches figurent dans de nombreuses et prestigieuses collections d'art contemporain du monde entier. Pour Tomaszewski comme pour Kajzer, l'affiche est avant tout un mode de pensée spécifique, que l'on peut comparer à l'écriture d'un haïku. L'idée est de suggérer, sous la forme la plus synthétique possible, une certaine atmosphère autour du sujet présenté. Le reste dépend du spectateur.
Dans une série de peintures et de collages créés spécialement pour cette exposition, Kajzer nous présente sa réflexion très personnelle sur les arbres. L'artiste les observe avec la tendresse qui le caractérise et se délecte de ces phénomènes naturels qui peuvent vivre des centaines d'années, formant des couloirs de racines inexplorés dans le sol ou reprenant soudainement vie à partir d'un tronc mort. Les arbres ont aussi une portée symbolique forte : ils sont des témoins et de l'histoire, comme le bouleau, dont les déclinaisons linguistiques dans la peinture de Birke nous rappellent la situation géopolitique de la Pologne, avec toutes ses conséquences. Ils sont aussi, bien sûr, un prétexte pour entrer dans des associations non évidentes de signes, de couleurs, d'atmosphères et même d'odeurs et de sons. En témoigne la série de collages rythmiques presque abstraits, Saisons, qui suggère le passage du temps, ou le tableau Bûcheron, d'où l'on peut presque sentir le doux parfum d'un arbre abattu.
L'œuvre de Kajzer prouve que la spécificité de l'imagerie inventée par les fondateurs de l'école polonaise de l'affiche, basée sur un signe synthétique, n'est pas réservée à l'affiche. Le langage pictural de l'artiste, comme son graphisme, est fondamentalement simplifié, minimaliste aussi au niveau des couleurs, qui sont posées en aplat. Nous sommes dans un monde qui, en termes de technique et de motifs, est issu de l'affiche, mais qui s'autonomise rapidement, car sa réception n'est pas forcément aussi immédiate que celle de l'affiche. Le regard du spectateur suit lentement la peinture légèrement renversée ou trace des contours qui perdent la netteté de l'affiche. Il y a donc ici beaucoup plus d'espace pour une réflexion personnelle, ainsi que pour une réception encore plus subtile de la typographie, dans l'utilisation de laquelle Kajzer est un maître comme on n’en trouve peu !
Le titre de l'exposition « Arbrochements » est un néologisme formé à partir de la combinaison des mots « arbre » et « rapprochements ». La signification du dernier comprend entre autres « une mise en regard de deux ou plusieurs choses pour établir des rapports entre elles : ressemblances, dissemblances, liens logiques » ; « fait de rendre deux ou plusieurs choses plus ou moins semblables » ou « création de liens de confiance, d’amitié, en particulier réconciliation ». La combinaison de ces deux mots suggère une cordiale invitation à entrer dans l'univers pictural de Ryszard Kajzer, à se rapprocher de son regard subjectif et sensible sur les arbres, ainsi que de son langage visuel très personnel, qui se situe entre figuration et abstraction et témoigne de la richesse toujours vivante et inépuisable de l'école polonaise de l'art de l'affiche. La juxtaposition de peintures, des affiches et des collages dans l'exposition n'a pas seulement pour but de comparer les motifs d'arbres, l'utilisation de la typographie ou les techniques utilisées. Après tout, les œuvres sur papier sont aussi de lointaines traces d'arbres.
Katarzyna Matul, Commissaire d’exposition